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ménageait que ceux qu’il pouvait craindre n'étaient qu’un moyen de désunir et de diviser les confédérés. Louis XI, en les attaquant séparément, reprit par la force des armes ce qu’il avait cédé par des traités. De là cette suite d’hostilités, de trêves, de ruptures, d’intrigues et d'exécutions sanglantes, qui rendirent son règne redoutables la puissance féodale.


1474.- Au moment d’une seconde ligue, formée entre les ducs de Bourgogne, de Bretagne, et le roi Édouard d’Angleterre, dans le dessein d'appeler ce dernier au trône de France, Louis XI trouva une nouvelle source de force et d’indépendance pour la couronne dans l’alliance qu’il forma avec les Suisses, jusque alors presque entièrement ignorés, et que les princes ligués avaient, les premiers, introduits dans le royaume, moyennant une pension annuelle de quarante mille florins du Rhin, à partager entre les sept cantons qui formaient alors la confédération helvétique. Il fut convenu que les Suisses entreraient au service du roi, et qu’ils recevraient par homme et par mois, et toujours à l’avance, une solde réglée à raison de quatre florins et demi. A ces conditions, un corps de six mille Suisses vint grossir le nombre des troupes réglées que le roi avait déjà augmentées, notamment d'une garde écossaise. Cet accroissement de force en exigeait un dans les revenus : on l’obtint par une addition de plus de trois millions aux tailles, augmentation excessive pour le temps et eu égard à l'étendue de territoire qui la supportait. On ne voit pas que le roi ait usé pour l’augmentation de cet impôt d'autre formalité