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Suivant l’ordre naturel des choses, indiqué par la réflexion plus encore que par l’histoire, le premier soin des membres de toute société nouvelle a été de créer et de reconnaître un pouvoir supérieur, chargé de protéger et de défendre les intérêts généraux et privés. Mais ce pouvoir, placé au-dessus des volontés individuelles, ne pouvait ni se maintenir, ni être utile, s’il ne recevait les moyens d’assurer le respect et l’obéissance dus à l’autorité qui lui avait été déférée. Il devenait donc nécessaire de trouver ces moyens. Leur nécessité une fois reconnue par un peuple, il a été conduit à le s’obtenir de la réunion d’une partie des produits de la terre dans une proportion déterminée. Par la suite, les besoins augmentant avec les progrès de la civilisation, l’industrie, le commerce et les personnes ont été appelés à contribuer aussi, pour, une partie de leurs bénéfices, à l’accroissement de frais qui naissaient des développements de la société. Telle a été l’origine naturelle des divers tributs demandés demandés successivement aux peuples, origine bien légitime sans doute, puisqu’elle eut pour premier objet la conservation de l’état et le maintien de la sûreté individuelle.

Aucun peuple civilisé, ancien, ou moderne, n'a été exempt d’impôt : les habitants de l’ancienne Égypte y étaient sujets; et, sur le papyrus que renferment certaines momies, on a trouvé la quittance de droits payés à la mutation de propriétés. Les peuples de la Judée connaissaient les tributs publics; Cortez et Pizarre les ont trouvés établis dans les contrées du nouveau monde qu’ils ont conquises. Toutes les nations ont été soumises à la loi commune d’une contribution. en échange de la protection qui leur est due par le gouvernement.