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commencé en 1439 ne fut consommé qu’en 1445; et les termes de l’ordonnance qui affecte l’impôt, des tailles à la solde des troupes semblent prouver en effet que cette mesure, prise d’après le vœu exprimé dans l’assemblée des trois ordres, ne fut exécutée qu’avec l’assentiment de personnes notables des trois états; Bien que la guerre n’eut pas permis de diminuer les droits d'aides ni de gabelle, et nonobstant l’épuisement des campagnes, la perception de la taille se fit sans opposition de la part des peuples : ils espéraient, en acquittant ce tribut permanent, se voir délivrés du pillage des gens de guerre, et des exactions des seigneurs. Cette attente ne fut pas trompée tant que vécut Charles VII. Il sut maintenir une exacte discipline parmi les troupes, et contenir les prétentions de la noblesse. « Nul seigneur n’eust osé lever argent en sa terre sans sa permission, laquelle il ne donnoit pas legerement. » Ce prince pouvait faire respecter son autorité, parce qu’il possédait dans des troupes réglées, dont les chefs étaient à son choix, les moyens d’assurer l’exécution des lois dictées par l’intérêt commun, qui aurait dû plus tôt et plus constamment unir le tiers-état et la royauté, celui de mettre des bornes à la puissance féodale en matière d’impôt; mais cette union ne devait pas durer.

En même temps que la couronne remportait le double avantage de former une armée indépendantes du caprice ou de la volonté de ses vassaux, et d'enlever aux seigneurs la ressources des tailles, les élus, dont les communautés faisaient choix depuis Saint-Louis pour répartir cette imposition, furent institués en titre d’office à la nomination du roi, « et demeura le nom d’elus jaçoit qu’ils ne feussent plus elus et nommez