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au détriment du commerce. Enfin, un édit remarquable par la sagesse de ses dispositions régla la marche à observer dans les procédures de tous les degrés; réprima les « malices et mangeries de la justice », et frappa de réprobation le trafic que des magistrats faisaient des offices de judicature. « Voulons et ordonnons, disait le roi, qu’iceux offices soient donnez et conférez à gens suffisants et idoines, liberalement et de notre grâce, et sans aucune chose en payer, afin que libéralement et sans exaction aucune ils administrent justice à nos subjects. »

Mais de tous les fléaux qui, durant quarante années, avaient désolé la France, les gens de guerre étaient les plus redoutables pour ceux qu’ils auraient dû défendre et protéger. Les armées, composées jusque alors de milices féodales et communales, levées et licenciées suivant la volonté ou les intérêts de leurs chefs et de bandes d’étrangers mercenaires, formaient autant de corps abandonnés au brigandage, à défaut d’une bonne discipline et d’une solde assurée. Non contents de vivre aux dépens des campagnes, les soldats et leurs capitaines se décoraient des noms d'écorcheurs et de retondeurs, pillaient les maisons, détruisaient par le fer et le feu les animaux, les récoltes, les vignes, les arbres fruitiers, et mettaient les habitants à rançon. Le tableau de ces excès fut tracé à Charles VII, dans des remontrances que lui présentèrent les trois états du royaume, réunis en assemblée générale à Orléans, en 1439. Plusieurs ordonnances furent rendues dans la vue d’arrêter ces désordres, et d’en prévenir le retour. Des grands du royaume et des membres des trois ordres concoururent la rédaction de la première. Ces lois