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habituée à l’influence qu’elle avait plusieurs fois exercée dans des remontrances au sujet des impôts, voulut invoquer ses privilèges; mais Henri V imposa silence à ses députés[1].

A l’égard des taxes précédemment établies, et qui, nonobstant leurs dénominations d’aides et de subsides extraordinaires, était devenues des impôts habituels, les produits en étaient à peu près nuls, soit par l'effet des dilapidations ou de la détresse trop réelle où se trouvait la nation, soit parce que des provinces entières invoquaient, pour s'en affranchir, les remises qu’elles avaient obtenues. Henri V, dans la vue sans doute de rétablir sans difficulté le cours des perceptions, usa d’abord de quelques ménagements. Des ordres donnés au nom de Charles VI, et dans lesquels on paraissait s'appuyer de l’autorité des derniers états-généraux, prorogeaient dans tout le royaume, et pour un an seulement, la levée du quatrième sur les vins et les autres boissons, de la gabelle et des douze deniers pour livre sur les marchandises et denrées; mais les grains, les farines, la pain, les légumes et les autres vivres et menues denrées qui se portent journellement sur les marchés furent exceptés de la taxe : les produits durent en être donnés à ferme. Peu de mois après ces ordres, et probablement à la suite des instances que faisaient les Normands pour jouir de l'exemption d’impôts dont Henri les avait flattés, ce prince ordonna que la gabelle et le quatrième des boissons continueraient d’être perçus dans ses pays de France et de Norman-

  1. Ordon. du Louvre, t. 11, p. 109 et 111. - Mézerai. - Anquetil.