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auparavant il avait conférés au même titre à la reine Isabelle. Cette princesse, ambitieuse et désordonnée, jusque alors ennemie du duc de Bourgogne, se ligua avec lui. Dans ce déchirement du pouvoir, le parti le moins fort, dans la vue d’enlever des partisans à ses ennemis, annonçait l’intention de soulager les peuples, en s’opposant à la levée des impôts dont ils étaient accablés. Ainsi, pendant que le dauphin, ou plutôt les Armagnacs, gouvernaient à Paris, la reine, retirée à Troyes (1418), promettait aux habitants. de l’Auvergne, de la Guyenne et du Languedoc, l’abolition de tous les impôts ayant cours, à l’exception seulement de la gabelle, s’i1s voulaient reconnaître l’autorité qu’elle et le duc usurpaient. Les villes du Languedoc, séduites par cet appât, et sous prétexte que les officiers du roi ne leur permettaient pas de délibérer sur la proposition qui leur était faite, obtinrent de convoquer l’assemblée des trois états de la province, toutes les fois que bon leur semblerait; et l’immunité d'impôts qui leur avait été promise devint le prix de leur adhésion momentanée au parti de la reine. Peu de temps après, les chefs bourguignons ayant occupé la capitale, le dauphin, éloigné de la cour et de l’administration, exagérait encore aux sujets le fardeau des taxes que lui-même avait établies. A son tour il en promettait la remise à tous les pays qui n’étaient plus sous sa puissance, tout en les maintenant, autant que l’état des affaires le permettait, dans les provinces qui lui restaient soumises[1].

Favorisés par ces dissensions, les Anglais étendaient

  1. Ordon. du Louvre, t. 8, 10 et 11.