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1404.- On vit le duc d’Orléans, devenu maître de Paris pendant l’absence du duc de Bourgogne, enlever de la tour du Louvre un trésor formé au moyen d’un subside qui avait été imposé sous le faux prétexte d’une rupture avec l’Angleterre ; et, quelques années après (1409), le duc de Bourgogne levait une aide pour racheter aux Anglais plusieurs places fortes dont ils s’étaient emparés à la faveur des troubles.

À tant de concussions, à l’abus des décharges mensongères surprises à un roi insensé pour couvrir la spoliation du trésor, le maître actuel du pouvoir ajoutait les confiscations, les emprunts forcés, la violation des dépôts judiciaires dans toutes les villes, enfin la recherche productive des financiers infidèles, moyen moins inique, peut-être ; si les dépouilles du surintendant Montaigu, et des traitants enrichis sous ses ordres, avaient, en retournant à l’état, épargné de nouvelles charges aux peuples, et si d’honnêtes bourgeois, dont le seul crime était de posséder quelque bien, n’eussent pas été confondus avec les spoliateurs de la fortune publique. Dans les campagnes, le cultivateur, victime des rapines que les différents partis exerçaient tour à tour, laissait la terre sans culture pour ne plus voir sa récolte détruite par des brigands armés ; et la défense d’exporter les grains du royaume n’offrit qu’un remède impuissant contre la famine qui fut la suite de tant d’excès[1].


1412-1413.- Dans une assemblée des députés des

  1. Ordon. du Louvre, t. 8, 9 et 10.