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tions, le prince doublait la somme, et punissait la résistance par des amendes, par la prison et même par la mort. Plus de quarante mille habitants, fuyant la tyrannie, étaient allés en Arragon chercher une meilleure patrie. Le ministre et l’instrument de tant de violences fut condamné au dernier supplice, et le duc, privé d’abord de son gouvernement, l'obtint de nouveau quelques années plus tard[1].


1392.- Les concussions et les désordres que le roi punissait dans une province s’étendirent peu après sur le royaume, lorsqu’à la faveur du délire qui affligea la vie de Charles VI, les dépenses déjà immodérées de la cour et du gouvernement furent livrées à l’influence que prit sur les affaires le duc d’Orléans, « qui succéda à son oncle le duc d’Anjou, et même le surpassa dans l'injuste désir de piller la France, et de ravir le bien d’autrui. »

Le commerce de transit fut grevé d’une addition au droit d’imposition foraine de six, puis de douze deniers pour livre, sur les draps et les denrées qui traversaient le royaume pour sortir par la Seine, par le Rhône ou par le port d’Aigues-Mortes. A cette occasion, le fermier obtint l’autorisation de visiter les ballorts, et de confisquer les marchandises faussement déclarées. L’imposition foraine, de même que les autres droits de douanes, fut déclarée droit domanial, bien qu’établie d’abord par forme d’aide, ce qui annonçait une durée temporaire.

  1. Chronique de Froissard, t. 2 - Ordon. du Louvre, t. 7, p. 284, 318, et t. 8, p. xiv.