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campagne de Flandre, payés de leur solde arriérée en assignations qui ne se réalisaient pas, vivaient à discrétion chez les cultivateurs, qu’ils ruinaient; et dans la Guyenne, le Poitou, le Berry et l’Auvergne, des bandes de paysans révoltés, que l’on nommait les tuchins, ne faisaient aucun quartier à ceux qui n’avaient pas les mains calleuses[1].

Les princes, profitant de cette anarchie et de la terreur qu’inspiraient tant de mesures violentes, firent ordonner, « en raison de la souveraineté royale, » que les gabelles, les aides, les fouages ou tailles, et tous les autres subsides qui avaient été abolis, fussent rétablis et perçus dans le Languedoc comme dans les autres provinces du royaume, sans exception des personnes précédemment exemptes. Les édits ne fixaient pas de limites à la durée des impôts[2].

Non seulement les anciennes perceptions se poursuivirent avec rigueur, mais plusieurs s’élevèrent ou s’étendirent. Le droit sur les vins et autres boissons, du treizième qu’il était, fut porté au huitième; on assujettit le pain à la taxe du douze deniers pour livre qui existait sur les marchandises et menues denrées; et la gabelle s’établit à raison de vingt francs d'or par muid du poids de soixante quintaux, au lieu du cinquième du prix de vente que l’on payait précédemment sur le sel.

Pendant la lutte qui s’était élevée entre les peuples et

  1. Chronique de Froissard, t. 2. - Ordon. du Louvre t. 6, préface, p. xxxv, et t. 7, 187.
  2. Ordon. du Louvre, t. 7, p. 4, 28, 51, 148, 457, 753, 756, et t. 13, pl lxxxix. - Œuvres de Pasquier, t. 1, p. 90, Chronique de Froissard, t. 2.