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des deux sexes dans la cour du palais : là, en présence du roi et des princes, le chancelier de France fit l’énumération des nombreuses révoltes dont Paris avait été le théâtre, en remontant jusqu’au règne du roi Jean, et peignit des couleurs les plus fortes ces attentats et les supplices qui devaient les punir. Les assistants, frappés de terreur, n’attendaient plus que leur sentence, lorsque que les deux oncles du jeune Charles VI, se jetant à ses genoux, unissent leurs prières aux cris des femmes qui demandent miséricorde. Alors le chancelier annonce que le roi se laisse fléchir, et qu’il change en amendes pécuniaires la peine de mort que le peuple avait méritée. « C’était -là, dit Mézerai, le vrai sujet de cette pièce de théâtre. » Les amendes furent excessives; les plus favorablement traités y perdirent la moitié de leurs biens : elles s’élevèrent, dans Paris seulement, à quatre cent mille francs. La ville se vit privée de ses magistrats, et dépouillée de ses privilèges et de ses revenus, qui furent réunis au domaine; les corps de métiers perdirent leurs communautés et les droits pécuniaires qui leur appartenaient. On punit avec la même sévérité Rouen, Reims, Troyes, Châlons, Orléans, Sens, des villes d’Auvergne, de Languedoc, du Poitou et leurs habitants; partout les amendes furent énormes, « et tout alloit au proufict du duc de Berry et du duc de Bourgogne : car le jeune roi estoit en leur gouvernement[1].  »

D’un autre côté, les gens de guerre qui avaient fait la

  1. Chronique de Froissard, t. 2. - OEuvres de Pasquier, t. 2, p. 279, A. — Ordon. du Louvre, t. 6, p. 6, 685 et suiv. - Mézerai, etc.