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soulevés contre l’exigence de leur comte, dont la fille et l'unique héritière était mariée à l'oncle du roi. Il n’importait pas moins à la tranquillité du royaume de punir les Gantois, que les communes de France prenaient pour exemple dans la défense des franchises qu’elles réclamaient en matière d'impôts. Les revenus du domaine et les taxes qui restaient à la couronne étaient insuffisants pour entreprendre une guerre qui voulait des ressources extraordinaires. Dans la vue de les obtenir, on eut de nouveau recours à une assemblée des états-généraux. Aux représentations qu’on leur fit sur la nécessité d’augmenter les revenus par des secours les députés des villes répondirent qu'ils avaient ordre d’entendre seulement ce qu’on leur proposerait, sans rien conclure; qu’ils feraient leur rapport à leurs concitoyens, et qu’ils ne négligeraient rien pour les déterminer à se conformer à l’intention du roi. Les députés de Paris consentaient seuls à une imposition. Une nouvelle réunion de l’assemblée fut indiquée à Meaux. Les députés qui s'y rendirent déclarèrent qu’on ne pouvait vaincre l’opposition générale des peuples au rétablissement des subsides; et qu’ils étaient résolus de se porter aux dernières extrémités pour l’empêcher. On sut même que les députés de Sens avaient été désavoués pour avoir outrepassé leurs pouvoirs[1].

Les troubles cependant continuaient dans Paris, que le roi avait quitté. On négocia, mais inutilement d’abord. Les demandes de la cour se réduisaient pourtant à l’établissement de la gabelle et de la douane. Le duc

  1. Chronique de Froissard, t. 2. - Ordon. du Louvre, préface du t. 6, p. xxx.