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droits d’une marchande d’herbe : il est tué aussitôt; et ce premier meurtre devient comme le signal de la sédition connue sous le nom des maillotins. La populace furieuse crie aux armes; ceux qui n’en ont pas se saisissent de maillets de plomb fabriqués par l'ordre de Charles V pour la défense de Paris, et qui étaient déposés à l’Hôtel-de-Ville. Les prisons sont ouvertes; et, pendant plusieurs jours, la capitale est en proie aux massacres et au pillage.

Sur ces entrefaites, une révolte avait lieu à Rouen. La populace, ayant tué les receveurs des aides et des gabelles, décora du titre de roi un gros marchand, et, après l'avoir promené en triomphe, le contraignit de prononcer l’abolition des impôts. Charles VI se rendit dans cette ville, où il déploya d’abord l'appareil d’une grande sévérité pour intimider les factieux; mais à la suite de quelques exemples qui tombèrent, sur les plus mutins, le paiement de fortes amendes et la promesse faite par les habitants de fournir certains subsides furent le prix d’une amnistie qui rétablit la tranquillité[1].

On usait de ménagements envers Paris, dans la crainte d’exciter une nouvelle sédition qui menaçait d'être plus furieuse que la précédente; et les condamnations qui avaient été prononcées s’exécutaient en secret[2].


1382.-Une trêve d’un an avait été conclue avec les Anglais; mais l'intérêt particulier du duc de Bourgogne voulait que l'on réprimât la révolte des Flamands

  1. Chronique de Froissard, t. 2. - Ordon. du Louvre, t. 5, préface, p. xxiv, 685, et t. 17, p. viij.
  2. Ordon. du Louvre, t. 6, p. xxvij.