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taxes imposées sur les commerçans génois, lombards et autres étrangers, tous objets qui faisaient partie des revenus des domaines. Ces dispositions, adoptées dans le conseil et signées par les oncles du roi, étaient bien opposées à leurs intentions, et surtout au désir qui tourmentait le duc d’Anjou de grossir le trésor, qu’il destinait à son expédition dans le royaume de Naples[1].


1381.- Après avoir vainement essayé de la voie des négociations « avec les plus notables de chaque estat à Paris, » le duc crut qu’il pouvait violer impunément une promesse aussi solennelle et aussi récente, mais qui n’était à ses yeux qu’une concession faite à la nécessité du moment. Il mit en usage une ruse bien peu digne du gouvernement, et qui fut suivie de grands malheurs.

La ferme des impôts fut adjugée à huis-clos dans le Châtelet. Il fallait, pour se conformer à l’usage, que l’établissement des taxes affermées fût annoncé publiquement avant d'en commencer la perception. Un huissier, déterminé par une forte somme d’argent, se chargea de cette dangereuse publication. Monté sur un bon cheval, il vient aux halles, crie qu’on a volé la vaisselle du roi, et promet une récompense pour ceux qui découvriront les voleurs. On s’assemble autour de lui et pendant qu’on raisonne sur ce prétendu vol, il pique son cheval, et publie, en courent, que le lendemain on lèvera les impôts. Le lendemain, en effet, les collecteurs se présentent. L’un d’eux veut exiger le paiement des

  1. Ordon. du Louvre, : t. 6, préface, p.xxij, xxiij, 552, 564, 603, et t. 13, p. lxxxix. - Chronique de Froissard.