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permanente et interdite aux seigneurs.— Réorganisation.— Asséeurs, nommés par les taillables, remplacés par des élus royaux.


1380. - Sans doute par un pressentiment de sa fin prochaine, et des calamités que la régence devaient attirer sur les peuples, le sage Charles V avait fixé à quatorze ans l’époque de la majorité des rois. Lorsqu’il fut enlevé prématurément à l’affection des Français il laissait un fils âgé seulement de douze ans, et trois frères : Louis, duc d’Anjou; Jean, duc de Berri; et Philippe-le-Hardi, tige de la dernière maison de Bourgogne. Ces princes vaillants, mais prodigues, regardaient la France comme une proie qui leur était abandonnée; et la minorité de Charles VI fournit l’occasion de leur première dissension au sujet de la régence, à laquelle le roi avait appelé le duc d"Anjou.

La cupidité de ce prince s’était manifestée par les dons de tous genres qu’il avait attachés au roi son frère, et, dans le Languedoc, par des concussions qui avaient porté les habitants de Montpellier à des excès que les auteurs de la sédition avaient payés de leur tête. Charles V; redoutant avec raison l’avidité du duc, avait exigé qu’il souscrivît un serment par lequel, entre autres engagements, il prenait ceux de garantir de toute sa puissance les sujets d’être pillés ou grevés, et de conserver le dépôt des « joyaux, vaisselles, monnoyes d’or et d’argent, pereries, » et tous autres biens meubles que le roi laisserait à sa mort. Mais une autre circonstance, en éveillant l’ambition du prince, augmenta sa cupidité naturelle. Il venait d’être appelé au trône de Naples par le testament de la reine. Jeanne. Des troupes, et par conséquent des fonds, lui devenaient né-