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d’autoriser seule le recouvrement des impôts créés par l’autorité royale ; et les princes durent adopter volontiers ce moyen d’obtenir des ressources sans recourir à la convocation toujours inquiétante des notables ou des états-généraux. Docile d’abord à la volonté des rois, le parlement ne profita des circonstances favorables qui s’offrirent que pour faire jouir ses membres des exemptions des charges publiques qui formaient privilège de la noblesse, qu’il avait remplacée. Dans la suite, il s’habitua, au nom du peuple, à une résistance souvent inutile, plusieurs fois réprimée, mais qui, devenant d’autant plus forte qu’elle eut à défendre les intérêts même de la compagnie, finit par avoir les conséquences les plus funestes pour l’état et pour la royauté.


1375. — Après six années de guerre, durant laquelle les Anglais, plusieurs fois battus par le connétable Bertrand Duguesclin, perdirent tout ce qu’ils avaient conquis sous les règnes précédents, à l’exception de Calais, une, trève de deux ans fut conclue. Charles profita de ses loisirs pour étendre et consolider par de nouveaux règlements les réformes qu’il avait introduites dans l’administration du royaume, et auxquelles résistèrent encore les habitudes vicieuses des financiers, favorisés par un relâchement de surveillance inséparable d’une guerre dont les provinces avaient été le théâtre. Un grand nombre de villes du midi, qui s’étaient déclarées pour le roi à l’époque de la rupture avec l’Angleterre, obtinrent, en récompense, des privilèges, dont le plus profitable fut la liberté accordée à leurs habitants de commercer librement dans toute la