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assemblés chaque année aux champs de mars et de mai, décidaient de la paix et de la guerre, et des dons à faire au roi, qui les présidait à elles s’occupaient d’affaires générales, mais elles ne connaissaient pas des intérêts privés. Les derniers parlements, au contraire, dont on attribue l’institution à Pepin, et qui durent des améliorations à Saint-Louis, ne furent originairement qu’un tribunal d’appel que la sagesse des rois ouvrit à leurs sujets, victimes de la partialité des baillis ou autres juges seigneuriaux. Ce tribunal était le propre conseil du roi, et le suivait partout. Les barons continuèrent d’abord d’en faire partie ; mais, appelés par inclination, autant que par habitude, à la profession des armes, qui ne demandait que de la bravoure, ils étaient illettrés. Il fallut bien choisir dans les classes inférieures des adjoints plus instruits ; et, lorsque Philippe-le-Bel eut rendu les parlements sédentaires, en instituant des cours à Paris, à Rouen, à Troyes et à Toulouse, la retraite absolue des seigneurs laissa les assesseurs naturellement investis du droit exclusif de rendre la justice au peuple[1].

Le sage Charles V n’attribua pas toutefois la délibération en matière d’impôts à cette cour de judicature. Les magistrats du parlement ne formaient, ainsi qu’on l’a vu, qu’une partie des assemblées, tenues par ce prince sous le nom de grands parlements ou de lit de justice. Mais pendant les malheurs du règne suivant, cette cour, ayant acquis une importance politique, se ménagea pour un temps plus éloigné la prérogative

  1. Montesquieu, Esprit des lois. — Généralité de Paris. — Hist. du parlement.