Page:Bailly - Histoire financière de la France, depuis les origines de la monarchie jusqu’à la fin de 1786, tome 1.djvu/144

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans les autres, les hauts barons refusèrent leur consentement à l’impôt, et rappelèrent au prince le serment qu’il avait fait de maintenir les immunités et franchises dont jouissaient leurs terres. Ces représentations mal accueillies furent suivies d'émeutes populaires. Aussitôt plusieurs seigneurs; d’accord avec la noblesse, les prélats et les communautés, portèrent leurs plaintes au roi de France comme au légitime souverain, et formèrent un appel au parlement de Paris des violences exercées par le gouverneur d’Aquitaine. Cette démarche, si elle était accueillie, menaçait d’une rupture avec le prince de Galles et avec le roi père. Charles V, quoiqu’il fût en mesure d’entreprendre la guerre, voulut avoir l'avis des trois ordres de l’état avant d’adopter une résolution. Il convoqua donc au parlement un conseil extraordinaire où siégèrent, avec les magistrats et les princes du sang, des membres des trois ordres. L’assemblée, consultée au sujet de l’appel, répondit que le roi n’avait pu le rejeter, et que, si les Anglais en prenaient occasion de lui déclarer la guerre, elle serait injuste[1].

1370.- Une rupture ouverte suivit de près cette détermination. A la demande du roi l’assemblée régla qu’il serait ajouté aux droits établis sous le règne précédent une nouvelle imposition d’un sou pour livre sur les sels, du treizième sur le vin vendu en gros, du quart du vin vendu en détail, et un fouage, ou taille par feu, fixé à raison de six francs dans les cités, et

  1. Ordon. du Louvre, t. 6, préface. - Chronique de Froissard, t.1. - Mézerai; etc.