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juste de leur accorder, ils voulurent réunir encore l’action du recouvrement et celle de la disposition des fonds qui ne peuvent appartenir qu’à l’autorité administrative, et n’être exercée utilement que par elle. Cet empiétement de la puissance législative, sur les prérogatives incontestables de la royauté, et l’abus que firent bientôt après les états-généraux d’un pouvoir dont ils avaient méconnu les limites, ne tardèrent pas à discréditer ces assemblées, et justifièrent, en quelque sorte, les efforts que fit la couronne pour se soustraire à leur influence.

Après la malheureuse journée de Poitiers, où le roi Jean fut fait prisonnier, les états-généraux s’assemblèrent de nouveau, à la demande du dauphin Charles[1].

L’objet de leur réunion devait être de procurer, de nouveaux secours pécuniaires à l’effet d’obtenir la liberté du monarque, pour laquelle dans le premier moment les Anglais ne demandaient que de l’argent. L’occupation de plusieurs provinces par les troupes ennemies ne permettant pas aux députés de toutes les parties du royaume de se réunir dans la capitale, les états des provinces méridionales s’assemblèrent à Toulouse, et ceux de la partie septentrionale à Paris. Dans le midi une aide fut accordée pour la levée et l’entretien de dix mille hommes d’armes ; et, non contents de témoigner leur dévouement par ce subside, qu’ils renouvelèrent plusieurs fois, les états ordonnèrent de leur propre mouvement que « hommes et femmes pendant

  1. Chronique de Froissard, t. 1.- Histoire de France par le comte de Boulainvilliers.