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mes, énoncées isolément, n'expriment que la valeur conventionnelle et variable du signe monétaire : elles ne peuvent donner la mesure des sacrifices d’un peuple et des ressources d'un gouvernement qu’autant qu’elles sont mises en rapport avec les objets qui les produisent ou qu’elles procurent par le moyen des échanges. C’est alors seulement qu’une somme devient l’expression d’une valeur réelle et déterminée. Or, les objets qui s'échangent habituellement contre les espèces sont les denrées nécessaires à la nourriture de l’homme; et parmi ces denrées le blé tient la première place, comme étant de toutes les productions la plus indispensable, et celle dont le prix devient le régulateur de la valeur des autres. C'était donc en faisant le rapprochement d’une somme d’argent déterminée et de la quantité de blé qu’elle obtenait par échange, que l’on pouvait connaître la valeur réelle, pour la nation et pour le gouvernement, du montant de l’impôt perçu; c'est-à-dire que l’on pouvait savoir, d'une part, quelle quantité de denrées il en coûtait à l’agriculture pour se procurer la somme d’argent demandée par le souverain, et, d’un autre côté, quelle somme d'argent le monarque avait à donner pour obtenir les denrées nécessaires à la nourriture des troupes. Car, avant comme depuis l’existence des dettes perpétuelles, la dépense des armées a toujours été la plus forte des gouverne-