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nant des cens ou rentes foncières dont le taux demeurait invariable nonobstant la révolution qui avait transformé la livre effective d’argent en une livre de compte dont les fractions conservaient les mêmes dénominations que celle de la livre de poids. Ce changement favorable aux censitaires et à l’agriculture, était, ainsi que l’affranchissement des serfs, tout entier au préjudice des seigneurs. C’est sans doute à cette circonstance d’entre eux avaient dû d'obtenir du premier fils de Philippe-le-Bel la promesse de ne pas servir malgré eux, hors de leurs domaines ; et lorsqu’ils servaient le roi. s’obligeait « à faire diligence de s’informer à, quels cousts et gages ils devaient le faire. » Cette promesse avait été bientôt suivie d’un engagement formel par l’adoption d’un tarif de solde pour les troupes que fournissaient les seigneurs[1].

Sous le règne du roi Jean on usa à l’excès du droit de seigneuriage, genre d’impôt non moins odieux au peuple que fatal au commerce, qui, comme on l'a vu, consistait à élever et à baisser tour à tour le taux des espèces, et surtout à en affaiblir à chaque refonte la valeur intrinsèque en altérant le degré de fin. Par ces opérations, le marc d’argent, qui, à l’avènement du roi, était à cinq livres cinq sols, fut porté alternativement en cinq années à onze livres, à quatre livres cinq sols, à douze livres, à quatre; et élevé jusqu'à dix-huit livres. Ces variations étaient si subites que « à

  1. Convention conclue en 1338 par le roi, Philippe de Valois avec les nobles du royaume, concernant la solde des troupes de toutes armes à payer par le trésor. (Ordonnance du Louvre, t. 2, p. 120 et suiv.)