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monarque, à titre d’octroi, qu’une partie du produit des taxes resterait entre leurs mains, pour être employée aux nécessités de la communauté. De leur côté, les gens d’église et les nobles avaient grand soin d’y faire réserver l’exemption de l’imposition pour la vente qu’ils faisaient des denrées de leurs domaines, et quelquefois les seigneurs n’accordaient leur consentement qu’en stipulant qu’une portion du droit leur appartiendrait. Ce qui restait de ces ressources précaires, achetées par tant de concessions, n’était plus suffisant pour l’entretien des troupes, devenu un objet très considérable depuis que non seulement la solde des milices communales, mais encore celle des gens de guerre, faisait partie des dépenses de l’état[1].

Les grands vassaux, qui, dans les premiers temps de la monarchie, regardaient comme un de leurs plus beaux privilèges de suivre le roi à la guerre, avec les hommes d’armes, ne satisfaisaient plus à cette obligation avec la même exactitude et le même désintéressement. Mais si, d’une part, l’ambition et le désir de se rendre indépendants de la couronnée avaient fait oublier à des seigneurs puissants le premier devoir imposé par les anciennes lois du royaume, il est juste de reconnaître d’un autre côté que beaucoup d’autres possesseurs de fiefs se trouvaient réduits à l’impuissance de fournir le service militaire, par suite de la diminution qu’éprouvait la valeur de leurs revenus. Cette diminution résultait de la différence survenue dans l’évaluation des monnaies depuis que les terres inféodées avaient été concédées, au déclin de la seconde race, moyen-

  1. Ordon. du louvre t.3, p. xxxviij et suiv.