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signaler à la postérité celui qui, le premier, osa frapper d’un tribut et soumettre au monopole une denrée dont la nature a été si prodigue envers les hommes[1].

Les tailles et les droits seigneuriaux, les dîmes ecclésiastiques, les fréquentes mutations des monnaies, les emprunts forcés, les exactions et maltôtes des receveurs et des traitants juifs ou italiens, accumulaient sur le peuple des charges qui rendaient les subsides publics insupportables, quoiqu’ils fussent peu profitables à l’état : conséquence naturelle du désordre qui régnait dans le maniement des deniers royaux, et que ne réprimaient pas les mesures dont les financiers devinrent l’objet. Philippe de Valois finit à leur égard comme il avait commencé, par des persécutions et des taxes dont le premier atteint fut le trésorier de la couronne, Pierre des Essarts.

1346. — On doit à ce prince l’agrandissement de la France vers le midi par l’acquisition du comté de Montpellier, qu’il fit moyennant des arrangements pécuniaires. Du reste, une guerre continuelle et malheureuse, que signalèrent la destruction de la marine française à l’Écluse, la perte de la bataille de Crécy, où l’infanterie des communes éprouva une déroute complète, et la prise de Calais par Édouard ; la peste, la famine, les ravages commis par les soldats, tous les fléaux réunis, avaient accablé les Français sous ce règne. Philippe. par son luxe et sa magnificence, avait

  1. Ordonn. du Louvre, t. 2, p. 179 et 238. — Le Guydon général des finances, p. 149, etc.