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ses biens, confisqués après sa condamnation, produisirent douze cent mille livres, fortune immense pour le temps, dont l’accumulation est une preuve manifeste des déprédations qui ruinaient l’état, et des vices de l’administration. Des subsides avaient été levés à l’occasion d’hostilités qui menaçaient le midi; mais, la guerre n’ayant pas eu lieu, des ordres du roi firent restituer les deniers perçus, que les baillis retenaient pour leur propre compte[1].


1338.- Plus tard, lorsque les prétentions rivales d’Édouard III et du roi de France eurent allumé les funestes guerres qui, pendant plus d’un siècle, couvrirent le royaume de dévastations, Philippe VI laissa arrêter en sa présence, dans une assemblée, « que les rois ne lèveraient aucuns deniers extraordinaires sur le peuple sans l’octroi et gré des trois états, et qu’ils en prêteraient le serment à leur sacre[2]. »

Cet engagement qui confirmait celui déjà pris par Louis X, n’empêcha pas Philippe de tirer parti des droits à l’exportation sur les produits du sol et de l’agriculture par l’extension et l’élévation du tarif renouvelé sous le règne précédent, et par l’établissement de bureaux de perception sur plusieurs frontières exemptes jusque alors du régime des douanes. D’où l’on peut conclure que les ordres puissants du clergé et de la noblesse, qui ne se prêtaient qu’avec peine aux im-

  1. Préambule de l’ordonn. du 15 mars 1332, t. 2, p. 84.
  2. Guy Coquille, chap. 14, p. 17. - ordonn. du Louvre, t. 6, p. 549 et 550. Économies royales de Sully, t. 10