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Le sel jusque alors avait échappé aux atteintes de la fiscalité. Des seigneurs, à la vérité, soumettaient cette denrée à des taxes au passage ou à la vente dans leurs terres ; mais rien n’indique qu’elle eût été assujettie aucun droit au profit du trésor royal. Quelques historiens ont regardé Philippe-le-Bel comme le créateur de cet impôt; « mais c’est sans doute, dit un écrivain moderne, la singulière réputation de ce prince en finances qui porte à lui attribuer cette invention bursale. » On possède au contraire la preuve de l’établissement par Philippe V d’une gabelle de deux deniers par minot de sel ou huit sous par muid, en même temps que d’une imposition de quatre deniers pour livre des marchandises vendues. Ce prince avait mis ces taxes de sa propre autorité, en remplacement, selon quelques écrivains, d’une imposition générale du cinquième denier des biens qui excitait le mécontentement des trois ordres. Mais, en suite des représentations qui lui furent faites par l’assemblée des états-généraux où fut confirmée la Loi salique, qui exclut les femmes de la couronne(1318), le roi déclara que le droit de gabelle et la taxe de quatre deniers n’étaient que temporaires, et ne seraient point incorporés au domaine. Un peut, croire en effet que ces perceptions ne furent pas de longue durée, attendu que les hostilités qui existaient depuis vingt ans avec les Flamands se terminèrent par un traité dont l'une des conditions fut le paiement trente mille florins d’or pour arrérages de contributions dues à la France. Aux bienfaits de la paix se joignirent, pour la première fois depuis Saint-Louis, les heureux effets d’une sage économie, dont Philippe V donna l’exemple par des réformes dans les dépenses de