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tion et la richesse des personnes pourront bonnement souffrir et la nécessité de notre guerre le requiert. »

Beaucoup de serfs en effet ne voulurent pas profiter des lettres d’affranchissement dont le prix était exagéré. On les contraignit d’acheter la liberté en les privant de leur mobilier, seule espèce de biens qu’il leur fût permis de posséder. Ces moyens violents produisirent, dans la suite, d’heureux effets. Des seigneurs, à l’exemple des rois, vendirent les affranchissements; d’autres, plus désintéressés, les accordèrent gratuitement. Bientôt on vit des communautés, des villes, des contrées entières, affranchies. La servitude personnelle fut presque entièrement abolie; et, à la condition humiliante de serf fut généralement substituée celle de main mortable; condition pénible encore, mais moins dure que la première, en ce qu’elle retardait au moins jusqu’au décès de l’homme les effets de la servitude.

1316. - A son avènement, Philippe-le-Long trouva le trésor grevé de très fortes charges en rentes tant perpétuelles que viagères, et les terres et forêts du domaine royal envahies par les dons et les échanges que les gens en faveur et les financiers avaient surpris à la facilité de Philippe-le-Bel et de Louis X : l’extinction de la dette publique fut le premier objet de ses soins. Pour y parvenir il supprima des pensions, et il affecta au remboursement des rentes le produit des confiscations foncières et immobilières, statuant de plus qu’aucune rente ou pension ne pourrait être échangée contre des biens fonds, ni assise sur les terres du domaine. Révoquant ensuite les nombreuses dispositions faites par les rois