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leurs corps. » La politique des rois et les besoins du fisc hâtèrent une révolution qui préparait l’affranchissement des campagnes.

Déjà, en 1298, Philippe-le-Bel avait délivré des lettres portant l’affranchissement des serfs, dans le Languedoc, moyennant un cens qui devait être réglé proportionnellement aux facultés des affranchis. Louis X, et peu après son frère Philippe-le-Long, prononcèrent l’abolition de la servitude personnelle dans les domaines royaux, par une mesure générale dont les motifs et les conditions sont indiqués dans les monuments qui nous restent. « Comme selon la droite nature chacun doit naître franc…, nous, considérant que notre royaume est dit et nommé le royaume de France, et voulant que la chose en vérité soit accordante au nom, et que la condition des gens amende de nous…., avons ordonné….que, généralement partout notre royaume…, servitudes soient ramenées à franchises…, pour que les autres seigneurs qui ont hommes de corps prennent exemple à nous, etc.[1] »

Les instructions données aux commissaires du roi expliquent le véritable objet de cet acte d’humanité : « Pourroit estre que aucuns……. cherroit en desconnoissance de si grand bénéfice……. que il vaudroit mieux demeurer en chetiveté de servitude que venir à estat de franchise…. vous mandons…. que vous de telles personnes, pour l’ordre de notre présente guerre, considérée la quantité de leurs biens, et la condition de la servitude de chacun, vous en leviez si suffisamment et si grandement comme la condi-

  1. Ordon. du Louvre, t. 12, p. 335, et préface ; t. 1, p. 583.