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le roi résolut de priver du droit de battre monnaie quelques prélats et bâtons qui n’avaient pas obéi aux ordonnances de Saint-Louis; mais la résistance que Louis X rencontra dans les parties intéressées le réduisit à se contenter de prescrire si ces seigneurs l'aloi, le poids et la marque qu’ils devaient observer dans leur fabrication. Le roi s’occupa ensuite des monnaies royales, et, après avoir pris l’avis des principaux habitants des-villes, qu’il avait fait venir à cet effet à Paris, il publia un règlement général pour toutes les espèces ayant cours dans le royaume[1].

Ces mesures, suffisantes pour calmer l’irritation des esprits, ne ramenaient pas l’aisance dans le trésor : elle lui vint d’une nouvelle source.

L’établissement des communes, et la naissance de la bourgeoisie qui en avait été la suite, n’avaient point encore conduit à l'affranchissement des campagnes : l'état de servage existait toujours pour le cultivateur; mais les rigueurs de la féodalité éprouvaient à son égard un adoucissement sensible au commencement au XIVe siècle. Le serf, bien que mainmortable et taillable, n'était plus du moins livré à la discrétion du seigneur. Des usages, dus aux progrès de la civilisation, qui développait des sentiments d’humanité, avaient réglé le temps, la forme de la perception et la quotité des tailles. « Le seigneur, dit un écrivain du temps, ne peut tailler ses hommes qu’une fois l’an, qui est à entendre du quint de leur meuble, et il ne leur succède que quand ils meurent sans hoirs procréés de

  1. Ordon. de Lagny-sur-Marne, aux environs de Noël 1315, et règlement du 15 janvier 1315.