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faites ne devait résulter aucun nouveau droit pour lui à l’avenir, ni aucun préjudice pour la nation[1]. »

La continuation des ligues entre les provinces n’était pas une occasion favorable pour la convocation des états généraux du royaume. Louis X forma des assemblées provinciales : en convoquant la noblesse et le peuple par sénéchaussée, et les fit solliciter de lui fournir des subsides extraordinaires, qu’il promettait de rembourser du revenu du domaine. Il demanda et obtint une décime du clergé, et prit les deniers mis en réserve pour une expédition projetée à la Terre-Sainte. Des réformateurs furent envoyés dans les provinces pour examiner la conduite des juges, et les prévaricateurs condamnés à de fortes amendes. Dans le même temps, le roi faisait vendre, ou plutôt aliéner à l'enchère, des offices de judicature, au mépris des sages défenses portées à cet égard par Saint-Louis, et oubliant sans doute qu’il ouvrait une nouvelle source aux abus qu’il attaquait, puisque, suivant la sentence de l’empereur Alexandre Sévère, sur le même sujet : « Celui qui achète doit vendre[2]. »

Les Lombards, Toscans, et autres Italiens, obtinrent la confirmation de leurs privilèges et des immunités d’impôts, moyennant l’élévation des droits sur leur commerce, auxquels ils ajoutèrent une taxe annuelle du vingtième de leur capital; et l’on n’oublia pas les Juifs « que la fiscalité du siècle se plaisait à regarder comme des éponges qu’elle pouvait presser arbitrai-

  1. Ordon. du Louvre, t. 1, p. 580. - Traité des monnaies, par Abot de Bazinghen, t. 1, p. 114.
  2. Ordon. du Louvre, t. 1, p. 602.