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Pauvre Loideau ! Nous revînmes le voir, avec des oranges. Mais que se passe-t-il dans une tête dont on a pécou les v’cheux, tandis qu’elle se rafistole, dans du linge, sur un lit d’hôpital ?

Loideau guérit. La première fois qu’il nous rencontra, il eut l’air d’avoir oublié quelque chose et rebroussa chemin. La seconde fois, il s’intéressa très fort à un méchant citron dans une vitrine. Les fois suivantes, il nous vit si bien qu’il ne nous vit plus.

Sans doute nous en voulait-il à cause des absinthes. En quoi il eut certainement tort.

Car :

Ayant les cheveux coupés, Loideau les porta courts.

Ses cheveux étant courts, il n’eut plus d’idées de poète.

N’étant plus poète, il ne fit plus de vers.

Ne faisant plus de vers, il fit du commerce.

Faisant du commerce, il épousa une héritière.

L’héritière héritant, il fut heureux et eut beaucoup d’enfants.

Tandis que nous !…

Pauvre Villiers. Les « v’cheux pécou », je lui vois le rose de la peau, sur le crâne.

Il griffonne quelque chose :

— Qu’est-ce, mon vieux ?

— Ça ? De la copie pour la page de la femme : une nouvelle corvée.

— Tout de même, je t’admire ! Tu t’attelles à n’importe quoi. Tu es le journaliste type.

— Moi ?… Tu sais bien, au fond, que je m’en f…

— Précisément, mon cher !