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férentes. Laquelle est la bonne ? Pour n’en perdre aucune, Villiers les reprend toutes et, au lieu d’une, fait deux, trois, quatre fiches. Cela devient une besogne très longue.

Pour les patrons, mettre un trait bleu ou dessiner un C est une chose fort simple : ils en dessinent à tort et à travers, et ils sont deux. Tous les matins, Villiers voit arriver sa pile de journaux. Un autre se lamenterait. Villiers, par principe, ne réclame jamais. Tant qu’il peut, il découpe. Ceux qu’il ne peut pas, il les entasse sur le paquet de ceux que, hier, il n’a pas pu, auquel, demain, s’ajoutera le paquet de ceux qu’il n’aura pas pu. Cela fait, de jour en jour, une montagne plus haute.

Heureusement, le samedi, la femme qui nettoie juge très laids ces journaux un peu partout, et rouf ! elle y va du balai. Ainsi, Villiers trouve sa besogne terminée d’un seul coup. Pas besoin qu’il sache comment. Il respire…

Mais, le lendemain, sa pile recommence à monter.


Contrôle.

Les correspondants de province sont des carottiers. Ils ratent des informations. Il faut qu’on les surveille : comme de juste, c’est Villiers le surveillant.

Le matin, il arrive avant les autres, s’enferme là-haut, attrape les Échos, les Messagers, les Gazettes et se met à les lire. Il ne lit pas tout ; il lit les Faits Divers. Il se fourre dans la tête ce qui se raconte, en province, de jambes