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Jean Lhair l’a connu, marchand de savon, gratte-papier, ou moins.

Certains jours, M. le Ministre se déboutonne. Il parle… parle. Et ce que Jean Lhair, vieillard, serait tenté de ne pas croire, Jean Lhair, enfant, le gobe et le répète.

Il y eut un moment solennel dans la vie de Jean Lhair. C’est le jour où descendit dans un Palace, avec ses malles armoriées et un jeune homme qui ne l’était pas, une fille de roi, en rupture de cour. Les journalistes se ruèrent. Jean Lhair seul fut reçu :

— Altesse !

— Oh ! ne m’appelez pas Altesse…

— Elle était étendue, poursuit Jean Lhair, les bras nus, tout de son long sur un divan. Et belle ! Elle m’a tout dit, comme à un ami… oui, comme à un ami, répète Jean Lhair qui larmoie, puis, tout à coup, se met à rire.

— Eh bien ! qu’est-ce qui te prend ?

— Peuh ! Les grandes dames, on sait d’avance qu’elles ont pris leur bain et que leur linge sent bon. Tandis que…

Et il rêve, les narines en naseaux vers je ne sais quels « tandis que » à surprises, qui n’auraient pas pris leur bain.

Un matin, Jean Lhair découvrit sur le mur de son bureau une affiche à inscription morale, système Taylor. Chacun avait la sienne. Passe chez les autres. Celle de Sinet était très bien.


SOYEZ BREFS, VOS MINUTES SONT AUSSI PRÉCIEUSES QUE LES NÔTRES