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Mais le papier à rédiger, ces discours qu’on écoute, et cela juste au moment où il serait si bon de digérer en humant sa coupe de Champagne ! Et puis, on fume là dedans, et la fumée lui brûle les yeux :

— Tenez, dit Jean Lhair, qui se vide les poches. Si ce n’est pas scandaleux ! Regardez-moi ces cigares ! Je les ai chipés pour vous.

Un jour, avec d’autres journalistes, Jean Lhair eut mission de visiter un pays à vignobles. Ces cochons de marchands s’honorèrent de faire déguster à ces Messieurs des échantillons de leurs vins : du blanc, du rouge, du rosé : une bouteille de chaque cru.

— Tu comprends. J’ai dû les vider toutes, et il n’y avait pas que les grandes ! Il y en avait de petites, mais remplies de je ne sais quel marc du diable. Si c’est pas dégoûtant ! Me charger d’un tel reportage. À mon âge !

Chef d’information, Jean Lhair n’aime pas qu’on le commande ; plus volontiers, il commande les autres :

— Toi, mon petit, tu feras ce compte rendu ; toi, mon vieux, celui-là.

Il se réserve les reportages politiques. Quelle misère ! Les idées qu’il répand sont le contraire des siennes. Il en a des crampes de conscience :

— Les Jean-foutre ! hurle-t-il en parlant des patrons. Moi je suis pauvre : je dois me taire pour gagner mes croûtes. Mais eux, avec leur galette, ils pourraient tout. Et au lieu de cela !…