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Au fond, qu’est-il, Jean Lhair ? Notre aîné à tous ? Bien. Et après ? Un journaliste-né ? Il le prétend ; mais entre sa naissance et son premier papier, que rêvait-il, ce journaliste-né ?

On ne peut dire que Jean Lhair soit un triste. Écoutez-le : il rigole. Ni un homme joyeux : voilà sa grosse voix qui ronchonne. Ni un pessimiste absolu, car il finit par plaisanter :

— Après tout, ce sont des foutaises.

Ni triste, ni joyeux, ni pessimiste, il est un peu de tout cela et — chose curieuse — un peu de tout cela en même temps.

— Oh ! les femmes ! hume Jean Lhair, les narines en naseaux de cheval.

Il ne s’en cache pas : il est paillard. Pour un rien, il se tape sur les cuisses ou même ailleurs. Pourtant, regardez la lumière de son œil. On s’imagine très bien Jean Lhair devant une femme, candide et nu comme un petit enfant.

D’autres fois, on pense à un moine, assez pieux pour dire :

— L’abstinence a du bon, mon enfant ; mais la bouteille vaut mieux.

Puis, tout à coup, ces peaux qui pendent, ce ventre mou, ce regard lourd : où donc a-t-on rencontré ce vieillard ?