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ridienne ». Après quoi, il respire. Mais, à la fin du jour, son épine recommence à piquer. Une nuit passe si vite ! Si du moins on renversait un roi ou coupait le cou à une rentière : quelle avance !

5 h. 15. M. Sinet travaille à sa dernière forme qu’on serre à 5 h. 19. Coup de feu : Il a des gestes de passe-passe, des mots que tout le monde ne devrait pas entendre :

— Ça en tête… C’est bon, assez… Coupez… Blanchissez… Ça y est ?

— Oui.

— Serrez.

Sa canne, son chapeau, M. Sinet reprend son pas alerte de renard libre. Il file droit vers un café. Il y a sa table, il y rencontre des amis, il s’y trouve aussi seul que s’il n’y avait personne.

— Garçon, un vermouth !… Garçon, un whisky !… Garçon, un gin !…

Un peu plus rouge, il a les mains qui tremblent. Il sourit, il regarde devant lui. Sans doute, aperçoit-il ce qu’il cherchait tantôt, si loin de l’autre côté du mur ?

— Garçon, un re-whisky !

Oui… mais demain !

— Garçon ! tonnerre de Dieu ! Versez donc du gin dans mon whisky…

Pauvre M. Sinet ! Un matin, il serre la main à son ancien copain de bohème, cette vadrouille de Galerville, devenu le poète élégant, M. Galerville.

Ils échangent une cigarette :

— Prends celle-ci.