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tesse, tournoyer leurs deux mille sabots dans la tête. Comme on dit : on roule.

Elles ont l’air de savoir. Pour avoir jusqu’aux dernières nouvelles, tant qu’on a pu on les a retenues et maintenant, clac-clac-clac-clac, elles se dépêchent à des centaines d’exemplaires à la minute.

Le papier entre par un bout et sort par l’autre, collé, plié, découpé, prêt à être lu : journal.

À l’endroit où il sort, un couteau monte-descend, monte-descend, rapide et oblique comme le couperet d’une guillotine qui ne trancherait pas la tête, mais la hacherait menu — et tout le corps, après.

Elles sont trois. Leur nom n’est pas très compliqué. Voyez ces plaques : N° 1, N° 2, N° 3. Elles ont des hommes qui les astiquent, un conducteur qui les surveille, plus un conducteur-chef pour les trois.

N° 1 est rapide et légère. Ce qu’on lui demande, elle l’exécute sans rechigner. Elle fournit ses journaux, plus prestement que ses sœurs. Dans les coups de feu, on compte sur elle. Mais sa besogne terminée, vite qu’on la tamponne, car elle a transpiré et pourrait prendre froid.

Gentille aussi, N° 2 est très salope. Elle plie mal son papier. Elle l’encrasse de graisse et si on ne la surveille, traîne, tout du long, ses gros doigts maculés d’encre.

— Mais elle n’a pas de doigts, chef !

— Oh ! c’est tout comme.

Quant à N° 3, cette garce, si avant sa mise