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que de faire mûrir des betteraves ! Il n’y a pas que le papier que l’on vend. Il y a, d’abord, le papier que l’on fabrique. Il y a ce que l’on montre dessus, ce que l’on cache en dessous. Il y a les rédacteurs, les raseurs que l’on reçoit, les marchands qu’on surveille. Quels tracas ! Le matin, ils travaillent ; à midi, ils travaillent ; le soir, ils partent harassés. Ils ont le téléphone à portée dans leur chambre. Depuis longtemps, nous sommes au lit, qu’ils se tracassent encore dans le leur : n’aura-t-on pas laissé de coquilles ? ce gros événement sera-t-il bien commenté ? et cette encre, dont on leur a promis l’essai, comme elle tarde à venir ! Ils sont riches. Les seuls à ne pas avoir besoin du journal, ils sont peut-être les seuls à ne pas s’en f…

Ils se plaignent :

— Nos collaborateurs ne travaillent pas assez. Nous nous sommes donnés, tout entiers, à notre UPRÈME.

Bien sûr ! La leur : pas la nôtre.

Il y eut un gros événement dans la vie des patrons. C’est le jour où ils découvrirent que dans certaines revues les business-men d’Amérique dévoilent comment on s’y prend avec l’auxiliaire toujours trop paresseux qu’est « l’outillage humain… » Cela s’appelle, je crois, le système Taylor : une merveille ! M. Siburd, qui ignorait l’anglais, l’étudia tout exprès. Le fameux fauteuil doit être du Taylor. Certaines « fiches » où nous justifions, heure par heure, notre travail : du Taylor. Certains placards qui prêchent un peu partout : « Faites ceci… ne