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Comment font-ils ? M. Dufour habite au sud ; M. Siburd, au nord. Quand la journée commence, on entend le pas de l’un, voici le pas de l’autre. On dit : « Monsieur Dufour… », M. Siburd répond. Le pigeon et sa colombe seraient moins unis. Par les jours de gros tracas, il arrive à M. Dufour d’avoir la migraine dans le crâne de M. Siburd.

— Asseyez-vous !

Cette fois, c’est pour un rédacteur. Tandis que M. Dufour le gronde de derrière sa table, M. Siburd surveille, derrière la sienne, prêt à intervenir. Pourquoi répondre ? On n’aurait pas tort, qu’on n’aurait pas raison, et au lieu d’un, deux directeurs vous gronderaient. La belle avance !

Ils diffèrent cependant de manières. M. Dufour est diplomate. Il sourit, mielleux :

— Cher Monsieur.

Acide, M. Siburd mord :

— Monsieur.

Mais, sucre ou vinaigre, que nous désirions quelque chose, le résultat est le même :

— Non.

Pourtant, M. Siburd comprend certaines choses :

— M. Siburd, je suis malade !

— Rentrez vite vous soigner.

Cela part d’un bon cœur. Oui, mais ce bon cœur a de l’imagination. Ce qui fait mal aux autres peut nuire à M. Siburd :

— Rentrez vite vous soigner.

Tout de même, mettez-vous à leur place. Diriger l’UPRÈME est autrement compliqué