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ne le trouve jamais. Et d’ailleurs, à quoi bon ?

3o La bibliothèque.

À quoi sert-elle ? Un soir, j’y ai laissé un reste de fromage. Le lendemain, M. Sinet y avait piqué au bout d’une allumette ce simple commentaire : Pouah ! Les souris ont bien voulu du fromage, mais pas du commentaire. Dans dix ans, il y sera encore.

Tout de même, on trouve quelques livres. Voici A. L. P., trois tomes d’une Encyclopédie qui possédait probablement d’autres lettres. Ce triste cartonnage enveloppait un Atlas dont survit, bien conservé, un morceau de l’Afrique. Ces quelques feuillets sont les reliques d’une brochure : Guerre à l’alcoolisme, avec « hommage respectueux de l’auteur ». En somme, ce qu’il faut pour que le secrétaire, qui doit tout savoir, apprenne ce qu’il ne saurait pas. Il n’a garde. Comme pour le casier, il est fixé : le renseignement que l’on cherche, on ne le trouve pas. D’ailleurs à quoi bon ?

4o La table.

Les pieds vissés, elle se campe au milieu de la pièce. Six grands journaux étalés ne s’y gêneraient pas. C’est là-dessus que nous transformons en copie ce que les naïfs appellent leur article. Bien que ne travaillant pas ensemble, nous aimons chacun notre coin ; M. Sinet, à gauche, là où le linoléum du parquet porte, en ronds noirs, le souvenir de ses cigarettes ; moi, à droite, où le bois est brûlé par les miennes. Notre outillage est simple. Ni roues, ni bielles. Des ciseaux, un crayon, au bout d’un pinceau une larme de colle. Tout est là, en bonne place.