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velle. Ce n’est pas toujours ce qui arrive ; ce peut être le contraire de ce qui arrive ; ce peut être ce qu’Un Tel ou Tel voudrait qu’il arrive. Dans ce qui arrive, ce n’est pas non plus tout ce qui arrive.

Ainsi :

Je suis au lit. Chastement nue comme il sied après une nuit, sans chemise, mon amie soupire : « Chéri, je ne la trouve plus ». Il n’y aurait pas d’information. Mais, dans son cabinet de toilette, Mlle  Marenne, la liliale, la talentueuse pensionnaire de la Comédie-Française, a soupiré : « Où c’est-y qu’t’as fourré ma chemise ?… », voilà de la bonne information.

Un banquier a besoin d’un million : il rêve qu’il a découvert une mine. Il se rend à l’UPRÈME ; il paie. Qu’il ait payé, ce n’est pas de l’information. Qu’il ait rêvé, ce n’est pas de l’information. « Le banquier a découvert une mine ». Voilà notre information !

Il arrive qu’une information soit vraie : ce n’est pas nécessaire. Qu’elle soit fraîche et, si possible, sensationnelle.

D’un journal à l’autre, on trouve l’information qui sert à tous : le prix du bœuf à l’Abattoir, le satyre, la catastrophe de chemin de fer, l’éruption du Vésuve. Mais il est des informations plus scabreuses. Si, pas son banquier, notre journal peut avoir son ministre, son candidat ministre, son futur candidat ministre. D’où certaines règles. Telle chose, on peut la dire ou ne pas la dire. Telle chose, on doit la dire ; telle chose on ne peut pas la dire ; telle chose on ne peut pas la dire, pourtant on ne peut pas… ne pas la dire.