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élections ? On l’a poussé : « Mais si… mais si… » et maintenant, quelle catastrophe, si l’électeur répondait : « Mais non !… » Il n’a pas eu la force de rester chez lui. Il arrive, énervé d’avoir attendu, énervé de marcher, énervé d’être ici et, par-dessus le marché, rauque de son dernier meeting.

— Eh bien ! où en sommes-nous ?

Cela sort comme s’il voulait expliquer quelque chose à un sourd, dans une église.

— Heuh ! Un tel semble élu ; notre parti pourrait l’emporter.

— Oui, mais moi ?

Pour M. Durant, il n’y a pas Un tel ou le parti, il y a M. Durant. Vlan ! dans mes papiers :

— Ça, c’est pour moi… ça, c’est pour moi.

Pour peu, il jetterait au panier les autres.

— Voyons, Charles, ce sont des informations…

— C’est juste.

Mais il y a aussi les téléphones ! On sonne : il arrache le cornet à Villiers :

— Allô ! Vous dites ?… Des résultats ?… Oui, mais moi… les résultats de M. Durant…

— Voyons, Charles, le correspondant ne sait pas ; il téléphone de la province.

— C’est juste.

Au coup suivant, il recommence.

D’après la balançoire, on voit un Durant et son ventre, puis un Durant et ses joues. À un moment, elles sont bien maigres. Moins rauque, il semble qu’on l’entendrait :

— Foutu !