meeting, avait écrit cent lignes de trop et ne savait où les couper.
M. Durant est avocat. Il se présente pour la première fois. Il est l’ami des patrons :
— Charles… Louis… Georges…
Quand ils passent à trois, cela gazouille.
Le chapeau à la main, il a pour nous des mots qui se font aimer. Il nous écrase les doigts :
— Vous allez bien ?
Si nous répondions : « Très mal ! » sans doute préconiserait-il un remède.
D’où sort-il ?
— Le petit Durant, dit Jean Lhair, qui connaît son monde.
M. Durant a toujours eu des opinions. Du lycée au barreau, on a le temps d’en prendre. Il n’est pas nécessaire qu’elles soient restées les mêmes. Elles sont comme sa personne : le ventre déjà d’un gros, les joues encore d’un maigre…
— Eh bien ! Cédron ; voteras-tu pour Durant ?
— Bulletin blanc, mon cher !
— Et toi, Jean Lhair ?
— Tu ne voudrais pas, hein ?
— Pourtant, ton compte rendu ?
— Foutaise !
Le jour venu, grand branle-bas. Il n’y a pas que l’élection de M. Durant, il y a celle des autres. À cinq heures, malgré le tableau de service, M. Sinet me lance un clin d’œil : « On se passera bien de moi », et décampe. Les autres sont à leur poste, en ville, plus loin ou