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Il y a des portes où c’est défendu d’entrer ; d’autres s’ouvrant toutes seules : « Venez donc : entrée libre ! »

Il y a des téléphones, des oreilles pour les cornets de ces téléphones, des mains qui portent aux oreilles ces cornets de téléphone.

Il y a des machines. Des machines à écrire, des machines à calculer, des machines à dicter, des doigts pour ces machines, des cerveaux et des yeux pour les doigts de ces machines.

Après les petites, il y a de grandes machines : des rotatives, des foreuses, des fraiseuses, des transporteuses, des linotypes.

Il y a des moments : des moments où l’on court, des moments où l’on rit, des moments où l’on se tait si fort que l’on pense à la mort.

À cause de ces moments, il y a des horloges. Ciel ! comme il y a beaucoup d’horloges ! De grandes horloges, de petites horloges, de sournoises derrière une porte, de graves sur des planchettes, et, à certaines minutes, des yeux sévères pour ces horloges.

Il y a des halls où ça sent tout le monde, des salons où ça flaire la poudre, des cours où ça pue l’urine. Il y a l’odeur qui se lève de ces tonneaux d’encre, celle qui couve dans ces bobines de papier, celle, puissante, qui monte des machines dont les bielles ont des sous-bras en sueur.

Il y a des femmes : de grandes femmes, de jolies femmes, de petites femmes, de vilaines femmes et — comme, pour les hommes, de sales bonshommes, — de sales bonnes-femmes.

Il y a des choses qu’il n’y a pas : l’allumette