Page:Baillon - Par fil special, 1924.djvu/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Voici, Monsieur Villiers, une Zeitung de Cologne. Elle vous arrivera régulièrement, par express. En page trois, là, vous voyez ? vous trouverez ces quelques chiffres. Vous les copierez, les porterez à l’atelier, veillerez à ce que cela passe. Nous appellerons cela les Hauteurs du Rhin.

— Bien, Monsieur.

Une rubrique qui commence est toujours la rubrique la plus importante. Sur le coup de minuit, M. Dufour se souvint dé ses Hauteurs, sauta bas de son lit, prit un taxi et arriva juste à temps pour s’assurer que son Rhin cotant 28,5 à Cologne, accusait 28,53 à Bonn, 28,59 à Mayence.

Le lendemain, il se donna la peine de monter chez Villiers :

— N’oubliez pas le Rhin !

Puis il eut d’autres soucis.

La rubrique se trouvait d’ailleurs en bonnes mains. Recevoir sa Zeitung, copier ses chiffres, blaguer avec le chef : « Soignez mon rein », pour Villiers, c’était facile.

Mais voilà qu’un jour, Jean Lhair tomba malade, et Villiers, qui remplaçait tout le monde, mais que personne ne remplaçait, dut négliger son Rhin pour aller à la Chambre. Heureusement, le chef se souvint qu’une nuit le patron s’était dérangé pour la rubrique, et, plutôt que de paraître sans, reproduisit, avec ses chiffres, la composition de la veille.

Le lendemain, Jean Lhair ne fut pas guéri. Un peu plus tard, Villiers prit ses vacances, et, au retour, trouva toutes sortes de choses à faire. On ne sait ce qu’en pensèrent les