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secrétaire ait répondu : « M. Vachard n’est pas là », pour que M. Vachard arrive.

Il arrive à son aise, une bonne balle, pas de moustaches, un nez qui lève et des lèvres qui rient. Il dit au secrétaire :

— Je suis en retard. Je viens de ma clinique. Aujourd’hui, figurez-vous, il y avait un de ces maboules !…

Il vient tous les jours de sa clinique et, tous les jours, il y a un de ces maboules !… Il raconte son dernier.

— Étonnant ! fait le secrétaire… À propos, les patrons vous attendent.

— Ah ! oui.

Il va.

Les patrons qui, en effet, attendaient, respirent : « Ah ! voilà Jacques ! » et se mettent aussitôt à parler. Ils font de grands gestes, puis de petits. Ils frappent sur la table. Ils prennent un air finaud, ensuite un air terrible. Tantôt ils criaient, maintenant ils chuchotent. Sa bonne balle, M. Vachard les écoute et, sans doute, il n’écouterait pas autrement ses « maboules ». Il répond :

— Oui… Non… Bon…

Parfois, il prend une note.

Puis il va s’enfermer seul. Il écrit. Deux feuillets, trois feuillets, cinq feuillets — d’un jet. Cela prend trente minutes, parfois quarante, mais alors, c’est très long.

Il remet son papier au secrétaire :

— Voilà l’Éditorial. Aujourd’hui, c’est tapé !

Puis il s’en va, sa bonne balle, le nez qui lève et les lèvres qui rient.