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dition du matin, M. Alphonse se lève : voilà les vendeurs. C’est pour moi l’heure de partir : je donne un coup de main : je distribue les numéros d’ordre.

— Ça ! Vous avez tort, papa ! Vous devriez partir.

— Je resterais quand même. La femme de M. Alphonse est gentille. Le soir, elle me passe un bol de café. J’attends sa laitière ; je vais chez son boulanger : elle aime le pain tout chaud.

— Et, en fin de compte, vous rentrez ?

— Un fameux bout de chemin, Monsieur… C’est l’heure où ma femme se lève. Ses jambes ne sont plus solides. Je lui donne un coup de main. Nous déjeunons ensemble.

— Et alors, enfin…

— Comme vous dites, Monsieur. Il n’est pas loin de sept heures — juste le temps de filer à mon travail.

— Comment ? À votre travail ?

— Mon métier n’est pas veilleur. Je suis jardinier. On ratisse, on plante, on bêche. C’est assez dur, mais on se repose, à l’air du jour, des petites fatigues que l’on a prises pendant la nuit.