Page:Baillon - Par fil special, 1924.djvu/160

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Que gagnent-ils ? Pas lourd sans doute. Mais enfin, ils gagnent quelque chose… Un jour, dans la rue, un bougre me raccroche. D’un homme à l’autre, il ne faut guère de mots quand on n’a pas mangé. Que faire ? Lui donner quelque argent ? Et après ? Je l’amène à Floris ; on lui remet un numéro d’ordre avec une liasse de journaux :

— Vous comprenez, Floris ? Il vendra ces journaux, il aura un bénéfice…

— Bien sûr, dit Floris.

— Avec le bénéfice, il mangera.

— Ouais…

— Avec le reste, il prendra d’autres journaux…

— Ouais…

— …les vendra, aura de nouveaux bénéfices… Et ainsi de suite.

— Ouais. Que peut contre la vie l’arithmétique d’un secrétaire ?

— Vous savez, me dit le lendemain M. Floris, votre… ainsi-de-suite, il n’est pas revenu.


La Femme de charge

Vraiment ! quel drôle de métier, ces journalistes ! Ces papiers qui traînent, ces taches d’encre, ces casiers en désordre, ces cigarettes qui brûlent le linoleum, ces gens qui s’agitent à des deux heures du matin en semant leurs pas de boue ou leurs pelures d’orange ! Comme s’il n’était pas plus simple de gagner sa vie honnêtement, en se couchant avec