— Tiens ! fait Rogniez, qu’ai-je fait de mes pinces ?
— Elles sont dans votre main.
Elles y sont naturellement, sans le gêner, comme deux doigts qu’il aurait de plus, en acier, parmi les autres en viande.
Ces doigts d’acier lui servent à tout :
Dans la composition, une lettre s’écarte, les pinces la ramènent.
Nom de nom ! une ligne de blanc se rebelle : les pinces l’extirpent ou l’enfoncent.
Sur le plomb, une virgule doit devenir un point : un pinçon des pinces la corrige.
Une démangeaison ! Mieux que l’ongle les pinces la grattent.
Un doigt qui saigne. Quoi de plus commode que des pinces pour nouer une jolie poupée en loque ?
— Une cigarette, Rogniez ?
Délicates, les pinces l’acceptent. C’est plus propre qu’avec les doigts qui ont touché le plomb.
Les pinces de Rogniez servent à autre chose :
Lorsqu’à la fenêtre de la direction, le rideau bouge, Kling ! les pinces de Rogniez tombent. Tout l’atelier connaît ce bruit.
Inventeur.
Comme pour ses pinces, Rogniez a pour ses formes des idées bien à lui. Les formes qu’il emploie, ne diffèrent pas des autres : un cadre d’acier quatre roulettes à engrenages qu’au moment de serrer on fixe d’un tour de clé. Cric-Crac-Cric-Crac. L’opération, je l’ai dit, est