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Rogniez est notre metteur en pages. Il faut se méfier : il est bavard :

— Rogniez, si nous commencions la une,

Ou :

— Rogniez, voici un bel article.

— Ce que vous me dites là, répond Rogniez, me rappelle une histoire.

Les histoires de Rogniez arrivent à propos de tout et se passent invariablement dans un café : « Vous savez bien, Monsieur, ce café au coin de la rue où l’on vend du si bon cognac », en compagnie de quelque vieux copain : « Mais si, Monsieur, vous le connaissez : un gros, avec de grandes moustaches… »

— Oui, Rogniez, je vois cela d’ici. Mais la une

— Tantôt, Monsieur…

Tantôt, à force de bavardage, la une frisera le retard et Rogniez grognera. Cela lui rappellera d’ailleurs une histoire.

À 10 heures du soir, entre deux éditions, Rogniez a quelques minutes : il casse une croûte. Il m’arrive avec ses tartines, tourne autour de ma table, s’installe en vis-à-vis, attend que je dise quelque chose. En ce moment, je suis très occupé :