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faits. Voici le chapitre aviation : moteur en panne, descend faute d’essence, tué.

— Et jamais on ne se trompe ?

— Cela peut arriver.

— Ah !

— C’était avant toi. Il s’agissait de quelque chose comme la traversée de la Manche en avion : une grosse affaire

— Blériot ?

— N’importe ! On avait envoyé des reporters, de vrais. Jean Lhair à un bout, Ratin à l’autre.

— Ratin ?

— Un drôle de bonhomme. Comme cela traînait à cause du vent, il envoyait des télégrammes d’attente. Le dernier du soir se terminait par ces mots : « Note pour la Direction : envoyez fonds ».

— D’après le Code ?

— Ce n’était pas prévu. Un matin, je reçois une dépêche de Ratin : 0131, il est parti et, beaucoup plus tard, de Jean Lhair : 0132, il est arrivé. Mon vieux, je ne sais si tu t’en souviens : cette aviation qui commençait, nous emballait. Je m’emballe ; je décris le départ, le vol au-dessus de la mer, la foule sur la falaise, un petit point qui approche dans le ciel, les cris qui montent, les chapeaux qui s’envolent, l’aviateur qui descend. C’était très beau.

— Ton article ?

— Mon article et le reste. La copie donnée, je traîne un peu, je fume une cigarette, puis je pars. Dans l’escalier, je rencontre un porteur avec un télégramme : « Donne-moi ça,