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La Machine à dicter.

Un jour, il y eut du nouveau. Nous savions que cela viendrait, puisqu’ils en avaient parlé. Mais quand ? Ils ne l’avaient pas dit. Lorsque cela vint, on fit la bête. Ce fut M. Dufour qui apporta la chose, toute montée sur une petite table. Il semblait content, comme toujours, quand on allait innover.

— Tiens, fit quelqu’un, on dirait un phonographe.

— Non, dit M Dufour, ce n’est pas un phonographe : c’est une machine à dicter.

C’était, en effet, une machine à dicter : c’était même, tant on en avait parlé, la machine à dicter.

On sait ce que c’est. Un pavillon en cuivre, un cylindre qui peut tourner, de petits tubes en caoutchouc, on s’installe là devant, on fait mouvoir le cylindre, on parle dans le pavillon, puis, les caoutchoucs dans les oreilles, on réentend ce que l’on a dit. Une machine à dicter, cela sert, dans certains bureaux, à la correspondance ; mais, pour nos directeurs, cela pouvait servir à autre chose.

— Voilà, dit M. Dufour, on ne sténographiera plus les communications téléphoniques, on les prendra avec cet appareil.

Une machine travaillant pour eux ! On aurait pu croire que les sténographes seraient contents. Pas du tout ! Ils étaient là, Céruse le sourd et Grégoire le rauque. Céruse ne disait jamais rien ; Grégoire regarda la machine :

— Heuh ! ce ne sera pas commode.

— Pas commode ? Pourquoi ?